Tout est sensible
Eh quoi ! tout est sensible.
Pythagore
Homme, libre penseur ! te crois seul pensant
Dans ce monde où la vie éclat en toute chose ?
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l’univers est absent.
Respecte dans la bête un esprit agissant :
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d’amour dans le métal repose ;
« tout est sensible ! » et tout sur ton être est puissant.
Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t’épie :
A la matière même un verbe est attaché…
Ne la fait pas servir à quelque usage impie !
Souvent l’être obscur habite un Dieu caché ;
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres !
Gérard de Nerval
Tout est sensible
Eh quoi ! tout est sensible.
Pythagore
Homme, libre penseur ! te crois seul pensant
Dans ce monde où la vie éclat en toute chose ?
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l’univers est absent.
Respecte dans la bête un esprit agissant :
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d’amour dans le métal repose ;
« tout est sensible ! » et tout sur ton être est puissant.
Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t’épie :
A la matière même un verbe est attaché…
Ne la fait pas servir à quelque usage impie !
Souvent l’être obscur habite un Dieu caché ;
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres !
Gérard de Nerval