PLACE AUX ARTS : Sculptures de Vincent Mauger, Philippe Desloubières, Vincent Barré
Ma proposition est inspirée par le parc, et par la grande terrasse du bas comprenant le bassin. Cette terrasse en belvédère sur le fond de la vallée, avec une vue privilégiée sur l’ancien château porte à une rêverie qui interroge le site, la région où s’est implantée la ville, et sur l’Histoire. Si l’époque contemporaine, troublée par une modernisation et une mondialisation excessives, par les dérives environnementales est peu propice à l’idéalisation de l’activité humaine, il n’en est que plus nécessaire de conduire l’individu, le promeneur en ce jardin vers une pensée poétique qui le ramène à des valeurs positives, qui lui permette de faire face individuellement et collectivement au monde qui l’attend. C’est en ce sens que je souhaite répondre à l’invitation de la Municipalité.
Une Couronne d’eau en bronze, circulaire, est installée au centre de ce bassin de dessin classique : une géométrie complexe où se superpose le cercle – image du ciel, au carré – image de la terre. La couronne en lévitation sur la surface de l’eau se reflète avec le ciel quand l’eau est calme, ou reçoit les gouttes d’eau du jet au centre du bassin faisant varier sa perception au gré des intempéries. Une forme légère, en arabesque, construite à partir des branches d’un figuier fondues en bronze. Le choix de cette essence, présente dans la statuaire et la peinture classique et antique donne à l’oeuvre un caractère à la fois sylvestre et sensuel. Le promeneur s’arrête, son regard plonge vers la sculpture, la surface de l’eau et ses reflets, et la profondeur ; il tourne autour du bassin, curieux des variations de lumière entre le contre-jour et la pleine lumière, variant avec les heures et le temps.
Cette sculpture est réalisée spécialement pour l’événement de « Place aux Arts ». Une sculpture similaire réalisée pour le Centre d’Art et Nature de Chaumont-sur-Loire a aussi été exposée dans la Salle du Chapitre de l’Abbaye de Fontfroide (Gard). C’est son caractère méditatif et silencieux qui m’a conduit à proposer une œuvre d’un même esprit pour la Ville de Fougères, cette fois animée par le mouvement incessant de l’eau. L’association du bronze, matériau très pérenne et de l’eau qui ensemble appartiennent à l’histoire de l’art des jardins m’a semblé être la réponse juste dans ce contexte.
A proximité, lui répond un ensemble monumental de trois fontes d’aluminium, susceptible d’être vu de loin, des terrasses supérieures :
La Colonne 3 – 4 trouve son nom dans sa géométrie : 3 faces d’une base en triangle, quatre éléments superposés. Une colonne solide légèrement pyramidale afin d’augmenter l’effet de sa hauteur de 280 cm ; une peau striée et vivante due à la découpe au fil chaud de son modèle en polystyrène, une face légèrement bombée donnant à percevoir le vide intérieur et l’épaisseur de la paroi. À son côté, deux formes jumelles : Anneau cannelé dedans, Anneau cannelé dehors, indiquent a nouveau le principe constructif des deux éléments gigognes. Comme deux grandes conques, deux coques posées légèrement au sol, afin de créer une tension entre leur masse imposante et l’assise peu perceptible. À nouveau, la surface aux stries courbées donne un caractère organique, vivant à ces formes abstraites.
Le voisinage des trois sculptures d’aluminium d’esprit massif, avec la couronne de bronze légère et dessinée me permet de rapprocher des œuvres réalisées à une dizaine d’années d’intervalle, dans deux techniques qui me sont chères et expriment mon goût de la solidité, de l’ancrage et de la légèreté, du dessin.
Vincent Barré, 30 Avril 2020