Couronnes d’arbres
Dans une partie éloignée du parc, sur un site relativement discret, il y a un bouquet de trois grands chênes remarquables.
Pour cette trinité de chênes, Couronnes d’arbres se présente comme un ensemble de résilles qui entourent chaque tronc. Placées au niveau des premières branches, la nature de leur enchevêtrement reste énigmatique ; sortes d’anneaux, de nids, de cocons peu denses qui filtrent la lumière, et laissent voir en transparence les colonnes des arbres. Dans un étrange embrassement du tronc, elles ne se voient qu’au second regard, intriguent et font naître une rêverie sur le règne de l’apesanteur. Cette présence de la main du sculpteur, ce motif en anneaux marque une forme d’alliance entre l’homme et l’arbre, une sensualité, telle qu’elle se manifeste partout dans le Domaine.
Ces résilles sont constituées des rameaux du figuier, un arbre aux connotations érotiques et dionysiaques, en évocation des forces rebelles de la forêt. Chaque rameau est d’abord coulé en bronze. Puis les segments sont assemblés et soudés entre eux. Il s’agit alors d’improviser un véritable dessin dans l’espace. Plus qu’une œuvre qui exalte les formes de la nature, c’est une géométrie, un assemblage construit. Le bronze est patiné au vert-de-gris, rehaussé d’ocre rouge et jaune dans un ton qui se rapproche des lichens et anticipe sur sa patine naturelle. Il renforce son caractère mimétique et presque caché.
Cette technique a été initiée en 2014 avec la Couronne à Jean Fouquet, dans l’auvent des écuries à Chaumont-sur-Loire et la Colonne de Rameaux pour le Monument en hommage aux Compagnons de la Libération de l’Assemblée Nationale à Paris. Elle a inspiré de nouvelles formes et donné lieu à une présentation dans la salle capitulaire de l’Abbaye de Fontfroide en 2018 ; à une importante exposition dans le Musée d’Art et d’Archéologie de Besançon en 2019, puis à une œuvre posée sur l’eau dans le parc de la Ville de Fougères en été 2020.
Vincent Barré, 1er Novembre 2019