Sur une invitation de David Cohen:
Estampages au pigment ocre sur deux murs en vis-à-vis réalisé avec l’assistance des étudiants, caoutchoucs, bronzes.
Portait de l’artiste en voyageur…
De l’Inde semi-desertique à Manhattan, le raccourcis est raide. Qu’est-ce donc que je viens chercher 30 ans après, dans ces lieux où s’est forgé mon projet d’homme et d’artiste?
Vérifier qu’un verre d’eau n’est pas le même ici et là, qu’une forme élaborée d’un geste méthodique et répétitif dans un atelier de village en Orient n’a pas la même charge individuelle qu’une sculpture faite en Ile-de-France ou à New York. Vue du village elle est intégrée à un ordre universel, immuable et presque religieux mais dans une autre lecture, elle appartient à un ordre économique et politique qui divise durablement le monde en deux parties étanches.
En me confrontant à des lieux aussi contrastés, des lieux de vie, de culture et de pouvoir – et donc à certains scandales de notre planète – je viens revivre mon goût des diffèrences dans ce qu’elles comportent de beauté, de savoir-faire, de sagesse mais aussi de violence et de tensions. L’artiste-voyageur n’est pas là passivement, en consommateur d’émotions, mais responsable de la « fabrique » de sa propre culture, choisissant les lieux de son experience et ce qu’il en intègre. Molela au Rajasthan et Manhattan, mais aussi Ahmedabad et Philadelphie et Bhopal! L’horreur côtoie le sublîme. Qu’y puis-je? Je veux brasser large et profond, pour un peu plus d’intelligence de « l’autre » et donc de moi, de ce qui se passe au bout de mes doigts.
VB 2003
Catalogue, textes Karen Wilkin, Graham Nickson and David Cohen