Aussi bien le Musée départemental Matisse du Cateau-Cambrésis que le Gerhard-Marcks-Haus de Brême doivent leur nom à un artiste célèbre. Dans les deux cas, les parrains jouent un rôle important sans pour autant constituer un corset dictant les choix des expositions dans le secteur de l’art contemporain. Tradition et pluralisme vont de pair dans les deux musées. L’œuvre de Vincent Barré (né en 1948) incarne cette dualité. La tradition est au XXIe siècle aussi une réflexion voulue sur l’histoire de la sculpture abstraite du siècle précédent. On retrouve dans l’œuvre de Barré la tradition à la fois à long et à moyen terme de l’histoire de ce mode d’expression et c’est ce qui explique l’importance actuelle de son travail.
« Géométrie bâ(s)tarde », c’est ainsi que Barré désignait son œuvre lorsqu’il reçut la visite des collègues des deux musées dans son atelier. Il décrivait par-là finalement un aspect central de la tradition dans laquelle il se situe. Jamais la forme n’y est vide, au contraire, elle projette au-delà d’elle-même par le biais de diverses connotations. Avec cette formule, il a placé entre parenthèses Matisse (1869–1954), Gerhard Marcks (1889–1981) et sa propre personne. Lorsque les collègues brémois lui proposèrent de la prendre comme titre de l’exposition, il s’avéra rapidement que, dans ce cas, les connotations sont nettement plus négatives en France qu’en Allemagne et nous avons fini par convenir de composer un catalogue sur un artiste pour accompagner deux expositions qui porteront des sous-titres différents.
Arie Hartog , Directeur du Gerhard-Marcks-Haus, Brême