Commissariat Evelyne-Dorothée Allemand, Conservatrice et Directrice du MUBA, avec la collaboration de Yannick Courbès.
Catalogue textes de Evelyne-Dorothée Allemand, Dominique Viéville, Athena Spear, Sebastien Gokalp, et entretiens avec les artistes
Avec Stephan Balkenhol, Alberto Giacometti, Henri Matisse, Come Mosta-heirt, Tamara Van San, Peter Soriano, Elmar Trenkwalder
L’idée de cette exposition Rodin, Brancusi, Carl Andre… le socle a été pensée de longue date et s’est concrétisée, en partie, aujourd’hui. C’est en fait la lecture en 1974 d’un texte de la critique et artiste américaine Athena Spear sur Brancusi, « L’élémentaire et la répétition : Brancusi », édité dans La Revue de l’Art en 1971 1, où la question du socle était clairement posée, que ce sujet m’a intéressée et ne m’a pas quittée. Elle mettait en évidence aussi l’influence déterminante de cet artiste pour un grand nombre d’autres artistes tels que Barbara Hepworth, Henry Moore ou Arp, notamment par la valeur qu’il attachait à la « taille directe » et à la « fidélité aux matériaux ». Mais elle développait surtout l’importance de la réception de La Colonne sans fin et des socles de Brancusi chez les artistes minimalistes comme Carl Andre et Robert Morris. La question du socle chez Rodin était alors à peine évoquée, renvoyée à d’autres auteurs ou études 2. Ce texte synthétique et percutant sur les procédés de création de ces sculpteurs m’a accompagnée, depuis mes années universitaires jusqu’à aujourd’hui, en tant que conservatrice et directrice de musée des beaux-arts, avec l’idée, un jour, de concrétiser en quelque sorte ces lignes par la réalisation d’une exposition, en reposant ces questions, dans la situation artistique du temps choisi de l’exposition. Même si, bien évidemment, d’autres textes critiques des années 1970 –certains contraires à cette approche quelque peu formaliste – ont nourri ma réflexion, ce texte a toujours gardé une résonance particulière. Réaliser cette exposition aujourd’hui, c’est mettre en perspective ces trois sculpteurs au regard d’artistes de générations plus récentes, de l’art contemporain, pour qui Rodin, Brancusi et Carl Andre ont eu une certaine ascendance ou résonance, autour de la question du socle en particulier et de sa relation particulière à l’espace.
Photographies Vincent Barré