2025 , Galerie Duchamp, Yvetot

quelque chose comme cela

Pour le Petit format qui accompagne l’exposition nous avons demandé à Pierre Creton et à Vincent Barré de nous offrir comme, en ligne d’horizon, ce qui habite leurs quotidiens. Ce qu’ils voient, ce qu’ils tracent. Lors de leur exposition présentée au musée de Louviers, en 2016, le catalogue reprenait, leurs journaux écrits. Pour Ex-voto, Nous avons voulu leur proposer plutôt de nous confier un journal par l’image. Une forme d’atlas de la mémoire, retraçant quelques instantanés de la fabrique de l’exposition. Le journal, parce qu’il est l’assignation des actes et des pensées agissantes s’inscrit dans un présent toujours progressif. Il est dans une forme d’atemporalité ou tout autant ce qui s’avance peut se relire, lier des événements pourtant distants entre eux, multipliant les possibles aux nombres de jours et de nuits qu’il égraine. C’est alors un dépôt : il amasse les espérances accomplies et ce qu’il reste à espérer et interdit tout repentir. Tout y restera lisible et permettra de constater combien cette écriture quotidienne, ou même épisodique, est pleine de ce qu’il reste à espérer et dessine en creux les joies et les regrets que nous laissons sur le papier. Mais, dans un même mouvement, que n’arrivons nous pas à suspendre dans la fuite de la mémoire ? Qu’est-ce alors qu’un journal et que reste t’il de ce qui n’est pas écrit ? Quelle épaisseur de temps avons nous là ? Où s’en vont les jours que l’on a pas vécu et qui n’existent pas dans le journal que l’on dessine, où l’on glane les images du jour, où l’on écrit entre les lignes ce que l’on ne peut écrire de manière tout à fait explicite ?

Les souvenirs, les gestes anciens, les amitiés d’hier, les amours naissants, les projets abandonnés, les persistances, les obsessions, que l’on retrouvent en feuilletant dans ses journaux qui parce qu’ils s’écrivent au jour le jour sont sans aucun doute non pas des repentirs, donc, mais bien des ex votos : des prières à destination de notre moi futur, relisant les jours passés, les reliant à ce que nous sommes devenus mais offrant aux autres comme un appendice un peu atrophié de nous-même et dont, malgré tout, le souvenir que l’on en espère est pareil à un ex voto que l’on façonne au jour le jour.