Dionysos, dans toutes ses apparitions, est un dieu étrange, un dieu étranger, le dieu de l’étrangement : il représente la part de la violence, ou de lafuria () Il est le dieu de la catharsis elle-même, et celui avec lequel la cité a dû négocier des contrats : établissant la mesure civilisée de l’ordre politique ; la cité doit en même temps se souvenir de son origine obscure dont le dieu lui rappelle qu’elle n’est pas lointaine et qu’elle peut brusquement faire retour : L’origine est proche – c’est ce qui est chuchoté à l’oreille des Grecs par Dionysos et le théâtre …
(A propos de lamosaïque de Lycurgue, Musée Saint-Romain-en-Gal. Des allées, La phrase urbaine, Jean-Christophe Bailly citant Les Bacchantes, d’Euripide)
Besançon plus que d’autres a l’esprit d’une cité. Ce musée, fortement dédié à l’archéologie (mosaïques, objets corporels et funéraires) nous met en vibration avec un passé encore chaud, encore vibrants de l’odeur des sacrifices, du tintamarre des trompes et des chants, où la menace de Dionysos résonne. Menace contemporaine aussi. Il faut que la cité se souvienne que l’origine est proche. Ces mots de colère d’un dieu venu du fond des âges, archaïque et sanglant, défiant le roi de Thèbes qu’il va prendre au piège, résonnent en moi comme un souvenir. Mes formes habitent un temps le musée, solitaires et hiératiques, héritées d’ancêtres obscures, ici très présents.