(Extrait d’un interview de Frédéric Bodet par Christophe Salet. 15 Nov. 2010)
Comment vous est venu cette idée d’associer une partie thématique à un parcours dans les collections du musée?
Frédéric Bodet. Au départ, l’exposition occupait uniquement les trois espaces du cinquième étage, avec une sélection de jeunes créateurs exposant pour la première fois dans une institution. Ensuite, nous avons décidé d’ouvrir l’exposition à l’ensemble des collections permanentes du troisième et quatrième étage. Là, un autre projet s’est développé, avec des artistes plus reconnus, que ce soit dans le milieu céramique ou dans celui de l’art contemporain.
Quelle était votre intention en associant ces différentes générations de créateurs?
Frédéric Bodet. Je n’avais pas envie de faire une exposition qui cherche uniquement des points de départ, ça n’aurait pas été représentatif de la scène céramique. Parce qu’il faut dire qu’en France, les formations à la céramique sont vraiment en péril. Depuis les années 80, les ateliers techniques dans les écoles des beaux-arts ferment ou sont marginalisés. En particulier les ateliers traditionnels comme la céramique ou la gravure qui sont considérés comme vieillots. Pourtant, il y a une demande évidente des étudiants. Quand il est possible de travailler la céramique, souvent sous l’impulsion de professeurs qui l’a pratiquent eux mêmes comme Vincent Barré ou Anne Rochette, c’est vraiment une transmission de personne à personne. Mais la plupart des artistes développent leur pratique par leurs propres moyens: en allant voir des céramistes ou en faisant une formation technique de type artisanale où ils acquièrent le bagage dont ils n’ont pas bénéficié pendant leur formation académique. Donc, la maturité artistique arrive assez tardivement dans ce domaine. Je trouvais par conséquent nécessaire qu’il y ait dans le parcours des artistes qui sont des références, par leur enseignement et par leur influence sur les plus jeunes. C’était un moyen d’encadrer cette nouvelle génération.