Chaos, domaine de Chaumont sur Loire
Sélinonte – devant l’amoncellement des pierres cyclopéennes d’un temple jeté à terre par un cataclysme, devant la beauté archaïque si mise à mal, désir de transgresser l’ordre et les injonctions :
Six grandes formes creuses taillées dans un même bloc de polystyrène, six cônes tronqués fondus en fer sont disposés en triangle ; une géométrie douteuse, dérangée, quelque chose de massif, puissant, incongru même qui s’oppose à la suprématie de l’élévation pour magnifier la chute, le désordre de ce qui est pesant, à terre. Et selon Bataille[1] :
…les pieds dans la boue mais la tête à peu près dans la lumière…
la vie humaine comporte en fait la rage de voir
qu’il s’agit d’un mouvement de va-et-vient
de l’ordure à l’idéal, et de l’idéal à l’ordure,
rage qu’il est facile de passer sur un organe
aussi bas qu’un pied.
Et c’est au travers de ce chaos de fontes, qu’apaisée, se fait la rencontre avec la longue horizontale de la vallée de la Loire.