Tout est sensible

    Julien Cosnuau, Conservateur

    Eh quoi ! tout est sensible.
    Pythagore

    Homme, libre penseur ! te crois seul pensant
    Dans ce monde où la vie éclat en toute chose ?
    Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
    Mais de tous tes conseils l’univers est absent.
     
    Respecte dans la bête un esprit agissant :
    Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
    Un mystère d’amour dans le métal repose ;
    « tout est sensible ! » et tout sur ton être est puissant.
     
    Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t’épie :
    A la matière même un verbe est attaché…
    Ne la fait pas servir à quelque usage impie !
     
    Souvent l’être obscur habite un Dieu caché ;
    Et comme un œil naissant couvert par ses paupières,
    Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres !

    Gérard de Nerval

    Tout est sensible

    Julien Cosnuau, Conservateur

    Eh quoi ! tout est sensible.
    Pythagore

    Homme, libre penseur ! te crois seul pensant
    Dans ce monde où la vie éclat en toute chose ?
    Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
    Mais de tous tes conseils l’univers est absent.
     
    Respecte dans la bête un esprit agissant :
    Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
    Un mystère d’amour dans le métal repose ;
    « tout est sensible ! » et tout sur ton être est puissant.
     
    Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t’épie :
    A la matière même un verbe est attaché…
    Ne la fait pas servir à quelque usage impie !
     
    Souvent l’être obscur habite un Dieu caché ;
    Et comme un œil naissant couvert par ses paupières,
    Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres !

    Gérard de Nerval