Colonne de rameau, Hommage aux compagnons de la Libération.

2014

Hommage aux Compagnons de la Libération, Assemblée Nationale
Rameaux et cire fondus à modèle perdu, puis assemblée par soudure en atelier. Atelier Bocquel à Bréauté. Production Ville des Baux-de-Provence.
240 x 80 x 80 cm
Crédit photographique Aurélien Molle
RÉF : 2014 401

L’acquiescement éclaire le visage, le refus lui donne la beauté .

René Char, Feuillets d’Hypnos, note 81, 1943-1945    

 Au moment de penser une oeuvre en hommage aux Compagnons de la Libération, dans le hall de l’immeuble Jacques Chaban-Delmas à l’Assemblée Nationale, la mémoire des vies de ces femmes et de ces hommes revient, parfois honorée comme ceux qui portent le titre de Compagnons de la Libération, mais aussi souvent anonyme pour de nombreux résistants, qui tous se sont engagés avec discernement et courage, avec une grande force morale. Ce rappel de notre histoire conduit à un certain silence, à la retenue.

Comment donner visage à ceux qui se sont levés, qui ont su dire non en un grave moment de notre histoire ? Non à l’affaissement moral et politique de la France, non au totalitarisme et à l’asservissement au nazisme. Seule une oeuvre de poésie et de grande dignité peut honorer la mémoire de récits qui peu à peu s’estompent, mais dont la sève demeure pour entrer dans nos conscience et nous habiter, pour nourrir notre action démocratique, aujourd’hui.

Un sculpture abstraite dans sa forme, métaphorique dans son expression peut donner une présence : L’acquiescement éclaire le visage, le refus lui donne la beauté. Avec ces mots gravés dans le bronze sur un anneau de la colonne des rameaux, les mots de René Char sonnent comme une affirmation qui dépasse les circonstances dans lesquelles ses feuillets furent écrits, qui prend encore sa pleine valeur dans un monde où les totalitarismes et la violence, où l’iniquité subsistent et où la prise de décision toujours difficile et complexe éxige un véritable engagement. Elle rappelle que chacun aujourd’hui – simple citoyen ou élu, y est confronté.

C’est le sens de ma proposition : Une colonne de bronze, toute d’un bloc, unie, composée d’une multitude de rameaux de bois bourgeonnant, des segments de bois pleins de sève, travaillés par l’hiver, le long hiver que traversa la France, l’Europe et le monde. Des rameaux vivants, qui se conjuguent et se tissent en une colonne, une grande forme de force et de stabilité – à l’image de ce que fût pour notre pays le Conseil National de la Résistance qui s’unit pour, sous l’autorité du Général de Gaulle et avec les forces alliées, libérer la France.

Vincent Barré