Vincent Barré

La rencontre, non loin de Chaumont-sur-Loire de la Pietà de Nouans-les-Fontaines par Jean Fouquet, l’un des plus beaux tableaux de la Renaissance, m’a ramené à cette rêverie sur les choses intemporelles : La majesté des grandes masses colorées de vêtements qui structurent le large panneau de bois, le jeu des visages impassibles, intériorisées, la composition serrée autour d’une forme brisée, la chasteté d’un nu… Et dans l’angle inférieur gauche, à raz de terre comme les trois clous, une couronne de solides branches torsadées. Les émotions vécues devant cette peinture, m’inspirent à vouloir leur donner corps dans la sculpture, pour une présentation de deux œuvres dans le domaine bien contemporain de Chaumont.
Dans la cour des écuries, au centre de l’auvent, un grand objet de bois et de cire tressés, fondu en bronze serait suspendu. Une forme à hauteur d’yeux dont on ne perçoit d’abord qu’une ligne, avant de s’approcher et de découvrir son caractère d’anneau : Couronne. Un grand tapis de charbon de bois à l’aplomb au sol protège la sculpture des contacts du public, comme elle centre l’attention et signale l’objet par sa tonalité tranchée et sa surface irrégulière ; ce bois brulé porte une certaine idée de la disparition. Forme traversée plutôt que massive, en suspens sous la toiture, prenant sa tension et son ampleur dans le volume magnifié de l’auvent. En référence à ce qui est à la source de ce projet, le dessin d’un carnet ou reproduction de la peinture peut trouver place sous l’auvent.