Retrait 5/9

2020

Bronze à la cire perdue
Bronze
43 x 38 x 11 cm
Crédit photographique Florian Kleinfenn
RÉF : 2020 405

9 cires en écho au « dieu à la peau douce ». 2020

MAISONS / ATELIERS

Les journées du confinement, la solitude de l’atelier me mettent comme beaucoup dans un état de retrait où tout projet semble figé, suspendu, les pensées solidifiées. L’angoisse qui paralyse le monde et les activités, s’insinue dans mon quotidien par la voie des ondes et des communications. Seuls des gestes très simples, ouvriers même se révèlent aptes à engager le corps dans une action. C’est dans cet état de vacance de l’esprit que je construis, une puis deux, puis neuf formes de cire, que je veux robustes, rudes et massives, hors de ce temps. Jour après jour, un ensemble se met en place dans l’atelier, un alphabet pour résister.

 Assis sur la petite chaise devant la gamelle de cire bouillante, je façonne chaque forme à partir d’une plaque de cire, découpée, cintrée, bombée, et j’assemble les coques ; ensuite je racle longuement avec un couteau chauffé les excès de matière grattés, je charge les manques de cire liquide. Gestes sensuels, de patience et de sensations, presqu’amoureux de ces sortes de cocons, fragments charnels en pleins et creux que je tiens entre mes genoux, penché.

Pierre Creton filme les mains au travail dans la pénombre de l’atelier en une longue séquence continue. On entend seulement la respiration, les chocs ou frottement des outils sur la cire. Parfois la main s’arrête pour caresser la matière chaude.

C’est une réflexion sur ce monde qui prend forme, qui ramène entre ses mains la matière vivante et vulnérable de la cire, ensuite coulée dans le métal pour tenir. Une poétique de la maison-atelier.